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Histoire de tirailleurs...

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Histoire de tirailleurs... Empty Histoire de tirailleurs...

Message  kiyomori Sam 15 Juin - 9:40

Rafale, vous avez dit rafale comme c'est étrange ! C'était le mauvais soldat qui tirait une rafale. Je plaisante mais dans mon groupe de combat il y avait un caporal arabe (Mohammed Bou...) qui était capable de tirer balle par balle avec sa MAT. Pour mon compte, dans le meilleur des cas 3 balles.
Mais bon, puisque vous voulez tout savoir…
          Mon grand père (appelé) était caserné avant la der des der à "Lunétrou" au 2ème bataillon de chasseurs à pied dans la clique de ce bataillon (ce qui lui a valut de passer pas mal de temps sous les drapeaux), et beaucoup de chance d'être un des rares à s'en sortir vivant malgré plusieurs blessures. Ce fut le premier à me parler des tirailleurs, mais à l'époque, et je le regrette, je me foutais royalement de ses histoires. Donc ce grand-père Normand et originaire de l'Haye du Puits travaillait à l'arsenal de Cherbourg en 40. Il m'a raconté des marins (pardon pour eux) qui pleuraient et déchiraient leurs papiers militaires dans l'attente de l'arrivée des Allemands. A la sortie de Cherbourg du côté sud , les seuls qui attendaient l'ennemi de pied ferme, alors que les envahisseurs étaient déjà entré dans la ville par le nord, étaient des tirailleurs Sénégalais ; sur les chemins alentours du matériel abandonné comme dans W.E. à Zuydcoote et mon père ado s'amusant sur des motos en panne d'essence.
          En 62 indépendance des colonies, un des rares régiment de tirailleurs créé en 1913 le 7ème R.T.A. a la chance d'être rapatrié avec armes, bagages et surtout femmes et enfants. Je dis la chance car selon notre habitude nous avons l'habitude d'abandonner ces gens qui ont crus en notre pays. Notre bon Mendes France pouvait se féliciter d'avoir signé rapidement les accords de Genève, mais ce que l'histoire ne dit pas, c'est que nous abandonnions toutes les populations qui avaient cru en nous, les montagnards et les catholiques des évêchés de Phat Dien et Bui Chû. Ce qui occasionnait les premiers 'boat people" et avec l'aide des américains de grands transferts de populations du nord vers le sud qui lui était bouddhiste à 99% ; Ce qui par la suite devait occasionner "des barbecues", selon la femme du président catholique Ngô Dim Diêm, non dirigés contre les américains je le précise.
          Mais revenons à nos moutons, ce 7ème cité 6 fois à l'ordre de l'armée et décoré de la légion d'honneur pendant la première guerre mondiale est le régiment qui sert de toile de fond pour le tournage du film Indigènes. Non seulement il participe en première ligne à la campagne d'Italie (Monte Cassino) et est, excusez du peu, le libérateur de Marseille (voir le journal d'un tirailleur de Jacques Schmitt). Puis, la campagne des Vosges et l'Allemagne ; et oui il n'y avait pas que la 2e D.B.en 1944 ! Ensuite occupation en Allemagne puis l'Indochine ou son bataillon de marche s'illustre en 51 sous De Lattre à Vinh Yen, puis c'est Gabrielle à Dien Bien Phu, et là…


Petit article tiré de Wikipédia qui illustre bien le sort de certains anciens :

          Chargé de l'entretien telephonnique au 7é RTA à TREVES en 47 et 48(PC casernements et domiciles). 1 bataillon à Mayence avant son départ debut juillet 47 pour MADAGASCAR .2 bataillon TREVES .3 bataillon à KIRCHHEIM-BOLANDEN .Le bataillon des UR à TREVES-OUEST.PC sur les hauteurs à coté de la vierge. Témoignage : Mon père était au 7ème RTA après notre rapatriement militaire du Maroc en 1946. Sa carrière a suivi toutes les campagnes militaires de la France: 14-18,Levant, Maroc, 39-45. Capitaine, il avait été chargé de la garde du camp de prisonniers de guerre allemands à Metz. En 1949, à Pâques, nous sommes partis à Trèves (au lieu de Madagascar) où le 7ème RTA avait reçu sa nouvelle affectation. Le blocus de Berlin demandait des renforts en Allemagne. Mon père y fut nommé Chef de bataillon. (Nous y avons connu le capitaine Rafa, qui devant moi évoquait l'intérêt de passer par l'école de guerre à Paris. Nous allions au lycée français avec ses deux enfants). Un bataillon a alors quitté Trêves pour l'Indochine. Nous sommes partis à Coblence, à Noël 1951. Le régiment était commandé par le colonel Costantini . Mon père y fut fait officier de la légion d'honneur en 1952. Le régiment est parti pour l'Indochine en 1953. Déclaré invalide militaire à 100%, mon père dut arrêter sa carrière à ce moment. Le 5ème bataillon fut aussitôt placé sur la position Gabrielle du camp retranché de Dien Bien Phu. Il eut à subir, à côté de la position tenue par les légionnaires, les assauts furieux des troupes viets. Après de terribles combats et d'énormes pertes et à la suite d'erreurs politiciennes magistrales, la défense du camp fut submergée. Les rescapés du bataillon disparurent au cours de leur marche forcée vers les camps de prisonniers ou lors de leur détention. J'ai rencontré un soldat rescapé à Alger en 1963, rapatrié grâce à un accord Algérie-Vietnam passé entre Giap et Ben Bella. Avec son épouse vietnamienne et leurs deux enfants, sans ressources, ils faisaient de la mendicité du côté du milk-bar de la rue d'Isly. La plupart de ces soldats étaient des anciens de la guerre 39-45. Je suis très triste que cette mémoire de service et de sacrifice de ces hommes durs et courageux ne soit pas cultivée.


          Avec ce film Indigènes, la France et notre président, se rendent compte qu'à cette époque la grande majorité de l'armée étaient composée de gens originaires des colonies. Oui ce film, comme le dit justement l'article de Vae Victis est un film à charge, malgré tout il a eu le mérite de remettre les pendules à l'heure, revaloriser les pensions de ces anciens combattants qui avaient versé leur sang pour la France (c'est vrai il n'en restait plus beaucoup) et dont les décorations ne valaient pas plus qu'une peau de lapin et dont un certains nombre finissaient leur vie dans un hospice du côté de Bordeaux. Oui à charge et je peux en témoigner personnellement pour avoir servi en 67/68 en tant qu'appelé avec un certain nombre d'entre eux. Donc en 64 ce rgt redevient, par simple substitution de nom, le 170 R.I créé pendant la révolution en tant que 170e demi brigade, dissoute, recréé en 1913 surnommé par la garde prussienne les "Hirondelles de la mort" et coïncidence beaucoup de rgt Nord-africains avaient l'hirondelle comme insigne. Rgt dissous une fois de plus en 40 après de nombreuses pertes plus de 1.000 tués ou disparus notamment lors de la bataille de Croutoy ou il a arrêté, en compagnie de tirailleurs, l'ennemi sur l'Aisne. Je témoigne donc, que certains dépassaient largement le grade de sergent-chef, pendant mes classes mon commandant de compagnie était un capitaine arabe du nom de Ben Ali (comme l'ancien président de Tunisie) et je le souligne ce gradé ne savait ni lire ni écrire mais, il avait un placard à faire pâlir d'envie nos officiers de métropole ; Le (futur et le seul il est vrai) général musulman Rafa avait en tant que colonel commandé à un moment le 7e et discuté pied à pied avec le général de Gaulle en ce qui concernait le sort de l'Algérie Française. Dans ma section il y avait un sgt chef Az.. ainsi qu'un caporal-chef Mohamed Bous…. qui boîtaient suite à des blessures reçues par balles et ces gens là étaient bien considérés par leurs supérieurs, car bons soldats.
          Ce rgt toujours à la pointe devait, et cela peu de personnes le savent participer aux événements de 68. J'étais alors quasiment à "zéro au jus" quand De Gaulle se décide de passer la frontière pour demander à Massu le soutien de l'armée en cas d'insurrection armée. Avec cet accord les rgts les plus sûrs et les plus aguerris se regroupent autour de la capitale. Nous troquons les grenades, les balles à blanc et autres gadgets contre des munitions bien réelles puis chaque compagnie de combat se dirige en catimini vers Paris. Ma cie passe la première nuit à Provins dans une caserne d'artillerie, puis en compagnie de 2 autres rejoint des parachutistes dans le camp de Frileuse du 5e rgt d'infanterie (qui n'était pas en alerte) à Beyne en Seine et Oise. Sur notre passage les C.R.S. crient l'armée avec nous ! Puis ma cie rejoint Fontainebleau et là nous commençons à faire du "rab". Et c'est la quille, le ministre des armées de l'époque Pierre Messmer nous ayant accordé à titre exceptionnel 2 jours de perm. Les libérables du rgt soit 2 sections s'empressent de regagner Golbey en banlieue d'Epinal où nous somme libérés sans T.A.B.T. ni sans passer par le conseil de discipline qui nous aurait valu de rester plus longtemps sous les drapeaux. Par la suite, fait exceptionnel pour être noté des appelés partent en Yougoslavie dans le cadre de l'O.N.U ou même en Côte d'Ivoire, mais depuis un certain temps les grenadiers-voltigeurs avaient remplacés les tirailleurs partis à la retraite. En 1967 un lieu-dit la Louvroie, commune de Golbey (banlieue d'Epinal) ressemblait à s'y méprendre à un village du "bled" (terrain vraisemblablement cédé par l'armée) : bâtiments préfabriqués, toits en tôle ondulée, tableau noir, chèvres et oisifs doigts de pied en éventail. J'ai vu dans ma section des types, avec une solde squelettique, faire les poubelles pour récupérer des boîtes de conserves largement périmées d'anciennes rations musulmanes, pour nourrir leurs familles nombreuses !


Histoire de tirailleurs... Ecole_10

Ecole maternelle de la Louvroie en 1966 

Puis vint Philippe Séguin.
          L'armée française lui doit la présence dans son ordre de bataille actuel d'un régiment de tirailleurs, héritiers des traditions de toutes les unités de tirailleurs algériens, tunisiens et marocains, qui avaient été dissoutes, en 1964, après la guerre d'Algérie.

          Philippe Séguin était le fils de l'aspirant Robert Séguin, tué le 7 septembre 1944, alors qu'il combattait au sein du 4ème régiment de tirailleurs tunisiens pour la Libération de la France. Il tomba au col de Ferrière, à proximité de Clerval (Doubs), laissant derrière lui, à 22 ans, une jeune veuve et un fils, Philippe, né le 21 avril 1943. Cette absence du père fut l'un des grands traits de la personnalité de Philippe Séguin.
          Un demi-siècle plus tard, maire d'Epinal et député des Vosges, il parvint à convaincre le ministre de la Défense François Léotard de rebaptiser le 170ème régiment d'infanterie, qui tient garnison à Epinal, en 1er régiment de tirailleurs. Ce fut fait le 1er mai 1994. Les traditions de l'Armée d'Afrique étaient relevées et le 1er tirailleurs possède sa nouba (musique), ses tenues de tradition nord-africaines et son bélier. A l'époque, les régiments d'infanterie mécanisée possédaient des chars AMX-30 et l'un d'entre eux portait le nom d'aspirant Séguin. [On nous signale qu'un AMX 10-P du régiment est toujours baptisé ainsi.]
          En 1996, Philippe Séguin, alors président de l'Assemblée nationale, dirigea les travaux de la commission sur la professionnalisation des armées, avec le député Olivier Darrason. Personnellement hostile à la suppression du service national voulu par Jacques Chirac, il tenta, en vain, de maintenir une forme de formation militaire obligatoire.
Je laisse maintenant la suite de l'histoire à un des membres du forum qui a servi dans ce 1er Tirailleurs, il se reconnaîtra…
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Message  Eric Sam 15 Juin - 11:01

Que peut on dire ?
Simplement RESPECT !
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Message  Tirailleur Dim 16 Juin - 7:49

Tirailleur toujours !

Alors étudiant en droit déguisé en aspirant d'infanterie -comme me l'a un jour gentiment précisé un lieutenant-colonel-, j'ai assisté au baptême des engins, en effet des AMX10P et des AMX30 à cette époque, par Monsieur Séguin, Maire d'Epinal. Moment très émouvant.

Que dire de plus après ce magnifique hommage ? Le régiment a été de nombreuses OPEX où il a montré son professionnalisme, et quand j'y étais affecté, les manoeuvres et exercices réalisés par des appelés ressemblaient à quelque chose. Nous avions des échanges avec les autres régiments de l'Armée d'Afrique, les spahis, la compagnie active du 9ème zouaves, et bien d'autres unités. Je me demande si El Djounoud, le bélier qui servait comme mascotte - avec rang de caporal-chef ! - est toujours de ce monde..il adorait bouffer les cigarettes, et avait une paire de bijoux de famille qui valait le détour.

J'étais fier de porter le croissant oriental, et d'honorer la mémoire des troupes nord-africaines qui ont servi la France. Et combien de jeunes de banlieues originaires d'Afrique du Nord ai-je vu découvrir ce qu'est la France dans cette belle unité. Incontestablement, cela a du leur faire du bien.

Enfin, avoir croisé le regard de tirailleurs qui avaient servi en Italie pendant le conflit mondial fut une des expériences qui ont compté dans ma jeunesse.

Bravo et merci pour ce beau texte.
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