Le Siège d' Arles en 507/508
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Le Siège d' Arles en 507/508
Les Francs et leurs alliés les Burgondes, profitent de la déroute wisigothe : toute l'Aquitaine passe entre les mains de nClovis, tandis que les Burgondes, après avoir franchi la Durance puis le Rhone, envahissent la Septimanie. Puis, comme en501/502, ces deux peuples essayent d’annexer la Provence et prendre la cité rhodanienne d’Arles, ville portuaire et fiscale, qui contrôle de commerce entre l’Europe du nord et la Méditerranée. Probablement dès l'automne 507, au retour de la campagne en Septimanie, la cité est assiégée par une armée coalisée comprenant des troupes burgondes renforcées d'un contingent franc , mais loin d'accueillir ces envahisseurs, elle se défend contre leurs attaques avec la dernière énergie.Nous ne savons pas si Clovis lui-même participe à cette expédition ; Grégoire de Tours n'en fait pas mention, tout comme il passe sous silence cet épisode, hormis une allusion à une expédition franque aux frontières du royaume Burgonde, Mais si cela était, la présence de Clovis sur les bords du Rhône n’aurait pu se produire qu’au début 508, à l'époque du transfert du trésor wisigoth de Toulouse à Bordeaux et juste avant la venue du roi franc à Tours.
La ville où vivent en bonne intelligence paiens, juifs, chrétiens ariens et chrétiens catholiques, voit sa concorde sociale fragilisée dans cette période de crise comme le souligne l'épisode de la « trahison » de l'évêque d'Arles Césaire.
Après des mois de siège alors que les assiégeants sont sur le point de l’emporter, la désertion d’un jeune clerc parent de l'évêque Césaire et supposé être son émissaire, attire sur ce dernier des soupçons de trahison. Il faut dire que le prélat est d’origine Burgonde comme les assaillants. Arrêté dans sa propre maison, l’évêque est mis de force dans une embarcation qui dans la nuit essaye de gagner la forteresse d’Ugernum (Beaucaire), au nord. Mais le contrôle des rives par l’ennemi empêche tout débarquement et oblige les Wisigoths à le ramener prisonnier dans sa maison. Il y reste quelque temps, jusqu’à la découverte fort opportune d’un billet qu’un Juif avait lancé vers les assaillants, « s’offrant de les introduire par un endroit où ses coreligionnaires sont de garde, à condition que lui et les siens soient épargnés dans le sac de la ville ». Avec cette « preuve », l’évêque innocenté est immédiatement libéré. Il semble toutefois que les Wisigoths ne soient pas dupes du stratagème, mais dans une ville assiégée où tous les bras comptent, l’importance numérique du peuple chrétien vis-à-vis de la population juive constitue certainement un argument décisif dans la libération de l’évêque.
Une ville bien défendue
Le siège commencé à la fin 507 se prolonge pendant de longs mois. La capacité de résistance de la ville réside principalement dans la force numérique de sa garnison et comme Théodoric le souligne, dans la fidélité courageuse de ses habitants. Les Arlésiens résistent ainsi jusqu’à la fin de l'été 508, dans l'attente des renforts ostrogoths.
Finalement, c'est seulement le 24 juin 508 que les troupes de Théodoric quittent leurs garnisons et se mettent en marche vers la Gaule. D'après Arthur Malnory, cette armée est commandée par le prince IBBAS . Arrivées probablement dès août, ou selon William E. Klingshirn en automne, dans la région d’Arles, les renforts ostrogoths attaquent par le nord rive gauche du Rhône (la zone du Trébon), les forces franques et burgondes qui occupent les deux rives du fleuve. Une action vigoureuse de Tulum, un général d’Ibbas, repousse les assaillants sur la rive droite et permet le contrôle du pont, celui de Constantin, qui relie la ville à l’île de la Camargue. Ce pont se trouve au nord de la cité, au bas des remparts. Les troupes franques et burgondes ayant levé le siège sont alors poursuivies et dans leur retraite auraient subi une grande défaite avec une perte , selon William E. Klingshirn, de 30 000 hommes. Les Ostrogoths en rentrant dans la ville ramènent une « quantité immense » de prisonniers qui encombrent les basiliques et même la maison de l’évêque. Il est dit que Césaire, comme son parent et prédécesseur Eon en 501 ou 502, fait fondre l’argenterie de l’Église pour racheter les captifs.
Un pays ruiné
Dès le début du siège le territoire arlésien est totalement saccagé comme par exemple avec la ruine des travaux, déjà très avancés, que l'évêque Césaire avait entrepris pour la construction d'un monastère destiné à sa sœur Césarie. Cet édifice, situé hors des murs d'Arles, probablement au sud-est de la ville à proximité des Alycamps, est l'un des premiers endroits « visités par la fureur des assiégeants », qui n'y laissent rien debout.
Parmi les autres conséquences, la plus dramatique est la famine qui suivit. Bien entendu, à la fin de l'été 507, les Arlésiens avaient eu certainement le temps de constituer des réserves avec les récoltes qui venaient de se terminer, mais au bout de presque un an de siège, les vivres commencent à manquer. Cette pénurie est aggravée en 508 par l'absence complète de récoltes ce qui explique que le ravitaillement de la ville est une des premières priorités de l'après siège.
Cassiodore mentionne l'assistance du roi Théodoric, mais d'autres auteurs rapportent l'aide des rois Burgondes à l'évêque Césaire en remerciement du rachat des prisonniers.
L'intervention des Ostrogoths en Provence et Septimanie repousse les Francs et les Burgondes et la présence des armées Ostrogothes, en soutien des Wisigoths, va décourager toute nouvelle velléité d'intervention. Francs et Burgondes contenus, le Midi de la France, sous cette nouvelle tutelle, va ainsi bénéficier d’une période de tranquillité jusqu'au milieu des années 530 : la Pax ostrogothica.
Pour en savoir plus :
En espérant que cela vous a intéressé ............
La ville où vivent en bonne intelligence paiens, juifs, chrétiens ariens et chrétiens catholiques, voit sa concorde sociale fragilisée dans cette période de crise comme le souligne l'épisode de la « trahison » de l'évêque d'Arles Césaire.
Après des mois de siège alors que les assiégeants sont sur le point de l’emporter, la désertion d’un jeune clerc parent de l'évêque Césaire et supposé être son émissaire, attire sur ce dernier des soupçons de trahison. Il faut dire que le prélat est d’origine Burgonde comme les assaillants. Arrêté dans sa propre maison, l’évêque est mis de force dans une embarcation qui dans la nuit essaye de gagner la forteresse d’Ugernum (Beaucaire), au nord. Mais le contrôle des rives par l’ennemi empêche tout débarquement et oblige les Wisigoths à le ramener prisonnier dans sa maison. Il y reste quelque temps, jusqu’à la découverte fort opportune d’un billet qu’un Juif avait lancé vers les assaillants, « s’offrant de les introduire par un endroit où ses coreligionnaires sont de garde, à condition que lui et les siens soient épargnés dans le sac de la ville ». Avec cette « preuve », l’évêque innocenté est immédiatement libéré. Il semble toutefois que les Wisigoths ne soient pas dupes du stratagème, mais dans une ville assiégée où tous les bras comptent, l’importance numérique du peuple chrétien vis-à-vis de la population juive constitue certainement un argument décisif dans la libération de l’évêque.
Une ville bien défendue
Le siège commencé à la fin 507 se prolonge pendant de longs mois. La capacité de résistance de la ville réside principalement dans la force numérique de sa garnison et comme Théodoric le souligne, dans la fidélité courageuse de ses habitants. Les Arlésiens résistent ainsi jusqu’à la fin de l'été 508, dans l'attente des renforts ostrogoths.
Finalement, c'est seulement le 24 juin 508 que les troupes de Théodoric quittent leurs garnisons et se mettent en marche vers la Gaule. D'après Arthur Malnory, cette armée est commandée par le prince IBBAS . Arrivées probablement dès août, ou selon William E. Klingshirn en automne, dans la région d’Arles, les renforts ostrogoths attaquent par le nord rive gauche du Rhône (la zone du Trébon), les forces franques et burgondes qui occupent les deux rives du fleuve. Une action vigoureuse de Tulum, un général d’Ibbas, repousse les assaillants sur la rive droite et permet le contrôle du pont, celui de Constantin, qui relie la ville à l’île de la Camargue. Ce pont se trouve au nord de la cité, au bas des remparts. Les troupes franques et burgondes ayant levé le siège sont alors poursuivies et dans leur retraite auraient subi une grande défaite avec une perte , selon William E. Klingshirn, de 30 000 hommes. Les Ostrogoths en rentrant dans la ville ramènent une « quantité immense » de prisonniers qui encombrent les basiliques et même la maison de l’évêque. Il est dit que Césaire, comme son parent et prédécesseur Eon en 501 ou 502, fait fondre l’argenterie de l’Église pour racheter les captifs.
Un pays ruiné
Dès le début du siège le territoire arlésien est totalement saccagé comme par exemple avec la ruine des travaux, déjà très avancés, que l'évêque Césaire avait entrepris pour la construction d'un monastère destiné à sa sœur Césarie. Cet édifice, situé hors des murs d'Arles, probablement au sud-est de la ville à proximité des Alycamps, est l'un des premiers endroits « visités par la fureur des assiégeants », qui n'y laissent rien debout.
Parmi les autres conséquences, la plus dramatique est la famine qui suivit. Bien entendu, à la fin de l'été 507, les Arlésiens avaient eu certainement le temps de constituer des réserves avec les récoltes qui venaient de se terminer, mais au bout de presque un an de siège, les vivres commencent à manquer. Cette pénurie est aggravée en 508 par l'absence complète de récoltes ce qui explique que le ravitaillement de la ville est une des premières priorités de l'après siège.
Cassiodore mentionne l'assistance du roi Théodoric, mais d'autres auteurs rapportent l'aide des rois Burgondes à l'évêque Césaire en remerciement du rachat des prisonniers.
L'intervention des Ostrogoths en Provence et Septimanie repousse les Francs et les Burgondes et la présence des armées Ostrogothes, en soutien des Wisigoths, va décourager toute nouvelle velléité d'intervention. Francs et Burgondes contenus, le Midi de la France, sous cette nouvelle tutelle, va ainsi bénéficier d’une période de tranquillité jusqu'au milieu des années 530 : la Pax ostrogothica.
Pour en savoir plus :
- Grégoire de Tours- Histoire des Francs
- Arthur Malnory - Saint Césaire, évêque d'Arles : 503 /543 – 1894
- Edouard Baratier(sous la direction de) - Histoire de la Provence - Privat, Toulouse - 1969 - )
- Justin Favrod- Les Burgondes : un royaume oublié au cœur de l'Europe - Presses polytechniques et universitaires romandes, collection "Le savoir suisse" - Lausanne, 2002 - ) Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - Arles, Histoire, territoires et cultures - Éditions imprimerie nationale, Paris - 2008 -
- William E. Klingshirn - Caesarius of Arles: The Making of a Christian Community in Late Antique Gaul - Cambridge University Press, 1994
En espérant que cela vous a intéressé ............
Dernière édition par eric1 le Mar 16 Juil - 8:50, édité 3 fois (Raison : ire)
Eric- Messages : 7645
Date d'inscription : 15/11/2012
Age : 82
Re: Le Siège d' Arles en 507/508
Tout à fait. Cette période, pour peu que l'on "creuse" comme tu l'as fait est aussi passionnante chez nous que l'âge d'Arthur chez nos voisins anglais. Dommage que le jeu de guerre ne s'y soit pas trop intéressé....
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Re: Le Siège d' Arles en 507/508
et les armées " Ages Sombres " ont leurs fans sur le forum
Eric- Messages : 7645
Date d'inscription : 15/11/2012
Age : 82
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