Petite question en passant

J' avais posté ceci dans un commentaire mais sans doute a t elle été noyée

Qui peut me dire depuis quand utilise t on le terme de " brigade " ??
Je sais que la division a été crée pendant la Guerre de 7 ans , en 1760 , par le Duc de Broglie qui a séparé son corps d' armée en 4 divisions pour gagner en souplesse et vitesse . Mais quid de la brigade ???

Alors , tout le monde sèche ?????????????
En 1793 la Convention décide de  constituer des unités incorporant 1 bataillon de l' armée de l' ancien régime et 2 bataillons de volontaires .Ceci pour regarnir l' effectif des troupes . Ces unités s' appelleront des demi-brigades . La première demi-brigade ne sera crée qu ' en 1796 .

Mais pourquoi demi-brigade ???? La brigade existait donc . Mais depuis quand ???????

toujours pas d' idée ?

Ce n'est pas une question d'idée, Éric, c'est une question de chercher !

« Le Fantassin de France », du général Pierre Bertin, S.H.A.T., page 72 :
« Au-dessus du colonel, le brigadier promu, emploi créé en 1667, porte une étoile. Il conserve son régiment mais ne commande qu'à des fantassins et ne perçoit son traitement que pendant la durée de sa mission. Par contre, le maréchal de camp qu'on reconnaît à ses deux étoiles exerce des commandements interarmes. »

Chercher, chercher, dur, dur !
Dans l'encyclopédia universalis tome 2 j'ai trouvé ceci :
En 1788 (pour la France) sont constituées 21 divisions permanentes, comprenant deux brigades d'infanterie et une brigade de cavalerie. Il me faudra aller faire un tour dans celle de Larousse.

Bravo à tous deux

Thierry , il va falloir que le lise des descriptions de combats des 16 ème et 17 ème siècles car de mémoire je ne ùe souviens pas avoir lu le terme de brigade !!

Éric,

Tu n'as pas besoin de lire les organisations des armées du XVI^e siècle (1501 à 1600).

En ce qui concerne le XVII^e siècle (1601 à 1700) c'est donc à partir de 1667, en France, qu'est institutionnalisé le grade pour celui qui commande le groupement provisoire (car le colonel est promu brigadier et payé comme tel pendant la durée de sa mission).

À partir de S&B on trouve :
– NEC PLURIBUS IMPAR (voir les archives).
– Prætirit Fides, Exemplumque Futuri
– dans ce blog : De Rohan à Turenne, j'ai fait une recherche avec le mot brigade, tu y trouveras ton bonheur (la fonction « Chercher un mot » donne 56 résultats, tel que :

Jérémie de Billon - Les principes de l'art militaire (C.1610) :

J. de Billon a écrit son manuel durant la première décennie du XVIIe siècle. Il s'inspire bien sûr des écrits des enseignements de Maurice de Nassau mais son manuel n'en reste pas moins remarquable. On y trouve des informations précises sur l'entrainement et les manœuvres, ainsi que de nombreuses propositions provenant de sa propre expérience. On y trouve aussi des innovations telle ce qui deviendra la fameuse "brigade suédoise" à 3 bataillons dont l'un soutenant les deux autres, ou l'inverse...

et aussi :

La bataille d’Avin (22 mai 1635) d'après plusieurs comptes rendus contemporains.

“Le prince Thomas avait campé l’armée d’Espagne comprenant 12.000 hommes de pied, 3 à 4.000 chevaux, grand nombre de pionniers et 16 canons, le long d’un grand rideau, dans un vallon couvert de grosses haies et bordé de précipices ou de chemin creux. Le comte de Féria était son lieutenant-général ; le comte de Buquoy commandait ses 40 cornettes de cavalerie.” Bernard.
L’armée de Picardie comptait 20.000 fantassins et 7.000 chevaux divisés en deux brigades (sous les maréchaux Brezé et Châtillon).

“Le prince Thomas avait un poste fort avantageux ; son infanterie était à l’abri dans le vallon, derrière les haies ; ses canons bien placés. Dans la plaine où nos gens devaient passer, 150 cavaliers se préparaient à engager l’escarmouche, puis à tourner le dos pour se faire poursuivre jusque dans le vallon où l’infanterie espagnole était embusquée. Brézé ne s’en inquiéta pas et, à la tête de sa brigade, il chargea cette infanterie avec une hardiesse sans pareille. Cependant la décharge des 16 canons et les grandes salves de la mousqueterie épouvantèrent tellement les chevaux des premiers escadrons français, qu’ils se renversèrent sur les bataillons. La cavalerie espagnole s’apprêtait à profiter de ce désordre, quand Brézé rallia ce qui avait plié et fit volte-face.” Richelieu

Voilà, Éric, tu as des dates. 

Amitiés,
Thierry.

Formidable . Merci Thierry

Au XVI°, pas de brigades à ma connaissance. L’organisation typique lors des batailles (qui est une orga de circonstance et de marche et non administrative) se fait en une avant-garde + le corps principal (la bataille). Éventuellement aussi une arrière-garde qui sert de réserve.

Pour l’exemple de la bataille d’Avins donné par Thierry, il s’agit d’un cas identifié dans le Dictionnaire de Bardin : les brigades comme on l’entend au XVIII° ou en Empire n’existent pas mais ces deux maréchaux se sont partagés leur armée pour la circonstance. Il se trouve que Louis XIII leur en a fait interdiction pour ne pas s’en faire chacun un commandement exclusif (mais je ne sais pas si c’était avant ou après la bataille en question). Dans ce cas, le terme revient plutôt à dire « corps ».

À l’époque de la guerre de Trente ans, il semble assez coutumier d’appeler « brigades » les différentes portions de l’armée rangées pour la bataille mais il ne s’agit pas d’embrigadements « officiels » des unités, là encore il s’agit de regroupements de circonstance.
À cette époque, l’organisation existe déjà dans l’armée suédoise mais il semble que ces brigades combattent comme une entité tactique figée et non comme un groupe d’unités tactiques. Pour ma part, je n’en suis pas si sûr; je crois qu’à cette époque ces unités avaient déjà une capacité manœuvrière supérieure à ce que l’on a longtemps cru. Comme les tercios, mais c’est une autre histoire.
Turenne aurait essayé de créer des brigades dans son armée, qui semblaient un peu plus correspondre au sens moderne, mais sans grand succès puisque les unités qui les composaient n’avaient pas

En France, il semble que ce soit Puységur qui en 1748 définit le premier une brigade comme un ensemble de 8 bataillons ou 8 escadrons (mais cette vision de la brigade est déjà décriée à l’époque).

La plupart de ces infos viennent du Dictionnaire de l’armée de terre de Bardin.

Passionnant APA , merci

J' ai lu par ailleurs que la première utilisation du mot Brigade a été dans la cavalerie mais comme tu le fais remarquer ce n' était peut-être pas officiel

Alors je ne l’ai pas mentionné mais il est aussi dit que le terme « brigade » est utilisé pour la cavalerie dès l’époque d’Henri IV. Il est curieusement utilisé pour décrire une entité représentant le plus petit regroupement d’hommes (2 ou 3) de la même manière que le plus gros rassemblement de cavaliers de l’armée (une vraie « brigade » de plusieurs escadrons ou régiments). Curieux, non ?
Pour être un peu plus précis, Bardin dit que :
« L’expression Brigade a longtemps signifié une troupe, une agrégation tactique d’hommes de guerre, quelle que fût sa force. Ce terme générique a été depuis Henri IV une de ceux que l’Art Militaire de Terre a employé le plus diversement, puisqu’il exprimait soit un ensemble de deux ou trois hommes, soit un corps d’armée. »
Dans l’armée française, le sens d’escouade s’est perdu mais il est resté celui de brigadier ou brigadier-chef.

Pour les demi-brigades révolutionnaires, c’est simplement la nouvelle dénomination du régiment, l’ancienne devant sonner trop « Ancien Régime ».
Dans les faits, 2 demi-brigades (à 3 bataillons) formaient une brigade (sauf pour la légère). À cette époque, les bataillons à 10 compagnies avoisinaient les 1000 hommes en effectifs.

Eh bien je crois que l' on a fait le tour . Merci beaucoup . Il est toujours agréable d' enrichir ses connaissances . Ce soir , je me coucherai un peu moins bête