[FUROR MUNDI] EMBUSCADE SUR LA ROUTE DE LA RÉDEMPTION

Passée la gloire et les frayeurs de la bataille d’Otumba, Carlos Nuñez prend ses quartiers dans la bonne ville de Tlaxcala. Trois mois plus tard, en septembre de l’an de disgrâce 1520, tout affolé, Padre Ibañez vient frapper à la porte  du capitan pourtant bien occupé à compter fleurette à une jeunesse de la noblesse locale. Car l’heure est grave ! D’après le Padre, près de la moitié de la troupe présenterait les symptômes de « las bubas ». Si rien n’est entrepris, la compagnie de Nuñez court à sa perte sans même avoir à ferrailler, sinon en charnelles compromissions avec la gent pècheresse du Nouveau Monde.


Selon les indications opportunes de « Deux-belles-pêches-sous-le-huipilli » (la jeunesse amatrice des vers castillans du moins vert Galicien), il existerait une source sacrée dans les montagnes capable de guérir ce mal,  en un lieu nommé « Chtouhiotlepec ».

En rien convaincu de la véracité de ces stupides élucubrations indigènes, le Padre se dit cependant qu’après tout, une bonne marche vaut bien prétexte d’une sainte procession sous la croix, à même de mener ces pauvres pécheurs, sinon vers une hypothétique fontaine de jouvence, du moins sur la route de rédemption. Dès le lendemain, sous l’autorité temporelle de Nuñez et celle spirituelle du Padre, la colonne se met en branle, dument guidée par « Une-petite-lune-sans-cœur », le paternel de « Deux-belles-pêches-sous-le-huipilli ».


La colonne cheminant toute suante, pustulante et psalmodiante sous les fiévreuses incantations du Padre Ibañez, elle eut tôt fait d’être repérée, en lieu et destination, par un pochteca de Tenochtitlan. De crainte que ces étrangers impies et sans scrupule ne répandent le zahuatl dans la source sacrée, « Trois-petits-pécaris » est au pied levé, dépêché sur les lieux…











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Dispensés de flagellation, armure oblige, les Espagnols cheminent sous la croix. Une-petite-lune-sans-cœur et ses Oquichtin ouvrent la marche, tandis qu’Ignacio Gomes et ses Jinetes la ferme. Par tribord, Julio conduit ses chiens dans les fourrés, de même que Benedetto par la poupe bâbord de la chenille toute de fer bardée.



Or c’est bien là, tapis dans un bois de sapins sous le vent du rocher de Piejacocotl, que Deux-vilaines-brises-sur les cabanes a reçu ordre d’égayer la lourde procession...



Alertés par les effluves de pétun et de xocoatl qui annoncent un savoureux festin, les chiens de Julio hurlent à la mort. Nuñez, qui connait fort bien la fourberie de ses adversaires et ne croit en rien tomber par hasard sur des proies égarées, distribue ses ordres : les rodeleros viennent former un cercle défensif autour de lui sous la rassurante protection de la Sainte Croix...


...les jinetes de Gomes filent veiller sur son revers accompagnés par une poignée de ballesteros, et tant  Benedetto que Julio enfoncent plus profondément la truffe de leurs chiens dans la végétation alentour.


Quant à Une-petite-lune-sans-cœur, loin de s'éclipser, il fonce en avant sans la moindre hésitation vers la première menace. Après tout, se dit Nuñez, laissons les indigènes purger leur différend….



De fait, les cailloux mexicas ne tardent pas à pleuvoir sur l’élan texcala qui s’en voit promptement brisé sous le regard embarrassé d’El Che, éclaireur texcala de son état, qui a pris position à tribord au pied du Piejacocotl.



Résolu d’en remontrer à la faillite des Oquichtin d’ Une-petite-lune-sans-cœur, Nunez met finalement ses rodeleros en mouvement, il est vrai, mieux équipés pour avancer sous la caillasse…

Rien n’a changé ? Que nenni !...Alors qu’à l’avant-garde deux guerriers texcala  (espérant l’arrivée salvatrices des rodeleros de Nuñez à leurs côtés) sont encore au contact des troupes de Deux-vilaines-brises-sur-les-cabanes, Trois-petits-pécaris, jusqu’alors habilement camouflé avec sa troupe dans un bois de sapin, mais entendant se rapprocher les grognements des molosses de Benedetto, préfère prendre l’initiative avant de devoir s’essayer au dressage canin pour pouvoir manœuvrer…



À bonne distance de là, Gomes veille…tout éberlué, mais non point trop surpris, de voir le bois sous son horizon soudain s’affubler de mille couleurs…



Le chef aztèque doit prendre Gomez de vitesse pour espérer tomber dans le dos de Nuñez. Mais, victime de sa précipitation, lui-même et quelques un de ses hommes ne parviennent pas à s’extraire du bois aussi vite qu’il l’avait espéré…



Sentant le souffler le brise mexica sur sa nuque, et confiant dans la capacité de Gomez à couvrir son arrière train, Nuñez continue de presser ses troupes en avant pour s’ouvrir la piste dans cette direction…



Trois-petit-pécaris n’en espérait pas tant !... d’autant qu’ Un-grand-méchant-jaguar, qui a fort bien su lire la course du soleil, arrive au moment opportun pour refermer le piège sur le flanc de l’espagnol coupé de son arrière garde...

C'est comme qui dirait le bon vieux principe de la tenaille ... si cher à Chaudard & ses hommes  

Oui!

La rédemption en prime!

N’ayant rien à espérer de bon à engager un corps à corps avec les troupes espagnoles, Deux-vilaines-brises-sur-les-cabanes qui ne commande qu’un ramassis de miliciens armés de cailloux, envoie les deux plus énervés de ses hommes sur lesquels plane la honte de n'avoir jamais fait de captif, régler leur compte à ces vendus de texcalas…



…et parvient à se dégager, invitant ainsi Nuñez à le poursuivre sous les chênes et à se rapprocher des troupes plus aguerries d’Un-grand-méchant jaguar…



Mais l’espagnol n’est pas aussi fol qu’il l’eut cru. Nuñez fait volte face, Un-grand-méchant-jaguar lancé à ses trousses…



Bien que s’étant montré d’une vélocité bien inattendue dans son repli, l'espagnol n’est pas sorti du Piejacocotl. Du moins est-il parvenu à hauteur de Trois-petit-pécaris avant que ce dernier n’ait eu le temps de mettre en place son comité d’accueil d’obsidienne volante et perforante.



Devant se résoudre à un corps à corps aussi sanglant qu'imminent, où le nombre de ses hommes sera crucial, le chef aztèque fait appel à leur sens de la discipline pour amener sous sa bannière les derniers traînards…



Mais Gomez, lui aussi, est au rendez-vous du Piejacocotl…



Le piège se serait-il renversé ? D’évidence la course au xocoatl a tourné à l’avantage de Nuñez, et Un-grand-jaguar ne semble plus avoir que ses sandales pour feuler…

Bravo Flush !  Il faut civiliser ces sauvages à coups d'arquebuse et de bible !

En garde ma mignonne !

(Merci, le rapport est de notre partie est de Friedrich)





Au signal de Gomes, une volée de carreaux s’abat sur le premier rang aztèque à découvert, et l’éclaircit promptement. Trois-petit-pécaris en personne est touché!...alors que les Jinetes s’élancent à leur tour, toutes lances dehors.



Le chef Aztèque est en bien fâcheuse position…



…mais a le temps d’envoyer deux novices sous les sabots espagnols (qui a dit sacrifice ?!) et ses quachiqueh en avant, pour se replier dans la rocaille...



…avant que ne déferle sur ses hommes tout le fer que Nuñez peut leur expédier.



Les masses rebondissent, les macahuitl crissent, mais les lames de tolède passent…



…et Un-grand-méchant-jaguar courre toujours…



…de même que Deux-vilaines-brises-sur-les-cabanes qui revient dans la danse, cette fois à la poursuite d’Une-petite-lune-sans-cœur…

One more time !!!

Grâce soit rendue à la syphilis !...se dit Trois-petit-pécaris le bras tout sanguinolent. Car le coup espagnol plus fatal, porte moins souvent que le coup aztèque, qui peine néanmoins à s’avérer décisif. Les mexicas subissent mais ne rompent pas encore tout à fait, donnant ainsi le temps nécessaire à Un-grand-méchant-jaguar de faire irruption dans la carnicería…

Nuñez ne l’entend pourtant pas ainsi, usant de tous les moyens à sa disposition pour fermer la porte, à commencer par les molosses de Julio.


Mais l’avantage déjà pris sur les troupes de Trois-petit-pécaris lui permet de mobiliser quelques rodeleros, puis à nouveau les jinetes de Gomes…



Désormais acculée, la poignée de tequihuaqueh qui entoure Trois-petit-pécaris ne suffit plus à le protéger. Il est lui-même engagé par le fer espagnol, et la compagnie aztèque au bord du gouffre…




Trois-petit-Pécaris acculé, Un-grand-méchant-jaguar englué, une lueur d’espoir apparaît cependant quand Deux-vilaines-brises-sur les cabanes, maintenant sur le flanc droit espagnol, gagne sur Une-petite-lune-sans-cœur et s’apprête à le submerger…


Espoir de courte durée !...car avant de s’éclipser à grandes enjambées, Une-petite-lune-sans-cœur ordonne à ses hommes de faire face (qui a dit sacrifice ?!), et de quelle manière !...la mort ? peut-être…plus tard….mais pas sans avoir fait voler quelques têtes de la milice aztèque !!



Pour Nuñez l’heure de gloire semble annoncée, et pour Trois-petit-pécaris, l’heure de vérité. Il ne tient plus qu’à sa survie et son charisme que sa compagnie ne se débande pas, sans quoi la source de Chtouhiotlepec sera immanquablement vouée au zahuatl ! Malgré les blessures et l’adversité, le cri tonitruant du pécari retentit sur le Piejacocotl ! Il parvient à se défaire de son adversaire,...


...un Grand Jaguar redouble d’ardeur, et le glas sonne pour le dernier Texcala. Cet ultime effort aura causé de lourdes pertes chez les Mexicas, mais l’objectif est atteint, car à son tour la compagnie espagnole, de justesse, vacille!



Vil parmi les vils, El Che (éclaireur texcala de son état) qui s’était fait oublier derrière un rocher, choisit ce moment où tout est joué, pour décocher une flèche fatale dans le dos du chef aztèque, avant de déguerpir avec ses maîtres espagnols contraints de renoncer de cheminer sur la route de la rédemption.